Intel, autrefois leader incontesté des semi-conducteurs, traverse une crise profonde. En 2024, l’entreprise a enregistré une perte de 1,6 milliard de dollars, contrastant avec un bénéfice de 1,5 milliard réalisé l’année précédente. Ce déclin s’accompagne d’un plan de restructuration massif incluant la suppression de 18 000 postes et des économies de 25 milliards de dollars.
Cette situation découle d’une décennie marquée par des décisions stratégiques hasardeuses, laissant Intel à la traîne face à des concurrents comme Nvidia et AMD.
Dix ans d’erreurs stratégiques
Depuis 2015, Intel a enchaîné les paris technologiques peu fructueux. Parmi les exemples marquants :
- Investissement dans Vuzix : Intel a injecté 25 millions de dollars dans cette entreprise de lunettes connectées alors que le marché, dominé par les Google Glass, montrait déjà des signes d’échec.
- L’échec des processeurs x86 sur mobile : Incapable de rivaliser avec ARM dans ce secteur en plein essor, Intel a perdu une part cruciale du marché des smartphones.
- Vente de la division modems 5G : En 2019, Intel cède cette activité à Apple, sacrifiant ainsi une opportunité majeure dans le domaine des technologies mobiles.
- Échec face à Nvidia pour Mellanox : En sous-évaluant Mellanox, Intel a laissé Nvidia acquérir la société pour 7 milliards de dollars, renforçant ainsi sa domination sur le marché des serveurs et de l’IA.
Ces choix hasardeux ont conduit à une chute de 53 % de la valeur boursière d’Intel en 2024, alimentant l’inquiétude des investisseurs.
Un virage manqué dans l’intelligence artificielle
Alors que l’intelligence artificielle connaît une croissance explosive, Intel peine à se positionner. Nvidia, grâce à ses puces dédiées et ses partenariats stratégiques avec OpenAI, s’est imposé comme le leader de ce marché.
En revanche, Intel mise sur des usines de semi-conducteurs dont les bénéfices ne seront visibles qu’en 2026, un pari risqué dans un secteur où l’évolution technologique est rapide et les marges de manœuvre limitées.
Une scission en vue pour limiter les pertes ?
La division fonderie d’Intel, qui a accumulé 11 milliards de pertes en 2024, est au centre des débats. Le gouvernement américain, par le biais du Chips Act, conditionne ses subventions au maintien d’au moins 50 % de cette activité.
La possibilité d’une scission pour se concentrer sur des activités plus rentables est sérieusement envisagée. Toutefois, une telle décision pourrait fragiliser davantage la position d’Intel sur le marché mondial.
Un avenir incertain
Face à AMD et Nvidia, qui continuent de gagner des parts de marché, Intel se trouve à un moment critique de son histoire. L’entreprise, jadis synonyme d’innovation, doit désormais repenser sa stratégie pour s’adapter aux exigences du marché et regagner la confiance des investisseurs.
Avec une concurrence féroce et des défis structurels majeurs, Intel doit faire des choix audacieux pour éviter une érosion irréversible de sa position dans l’industrie des semi-conducteurs.