Par Amine Ben Gamra
Le gouvernement tunisien prévoit de réduire le déficit public, passant de 6,3 % du PIB en 2024 à 5,5 % en 2025. Cependant, cet effort budgétaire pourrait entraîner une diminution de la croissance de 0,7 point de PIB en 2025. Par ailleurs, la tentative d’assainissement du taux d’endettement, de 82,23 % en 2024 à 80,46 % en 2025, risque de freiner l’investissement public, réduisant ainsi les perspectives de relance économique.
La réduction des financements publics pourrait également affecter le marché du travail. Avec un taux de chômage mesuré à 16 % en 2024, les prévisions indiquent une possible augmentation en 2025. Cette situation aggraverait un marché de l’emploi déjà polarisé, tandis que le projet de loi de finances pour 2025 ne propose aucune réforme structurelle pour gérer efficacement la masse salariale de la fonction publique, un poste de dépense lourd pour les finances publiques.
Pour répondre à ces défis, une gestion plus efficace de la masse salariale, combinée à un soutien à l’emploi privé, pourrait contribuer à réduire le coût des emprunts de l’État et à stabiliser le chômage. Il est essentiel de créer de la richesse tout en assurant une répartition équitable à travers des institutions adaptées.
L’agriculture, par exemple, représente une opportunité de créer des emplois et de relancer l’économie. Une meilleure gestion des terres publiques, notamment dans les régions du nord et du centre, pourrait encourager une production à grande échelle. Ces terres, souvent laissées en friche, pourraient être confiées à de jeunes exploitants pour des projets agricoles, accompagnés d’un soutien pour développer des productions de niche comme les amandes et les pistaches. La Tunisie, avec une stratégie proactive, pourrait tirer profit de marchés tels que l’Union européenne, où les quotas sur ces produits n’existent pas, et s’inspirer de la Californie, qui produit 80 % des amandes consommées dans le monde.
La prise de décisions rationnelles et des réformes bien structurées sont nécessaires pour éviter que ces opportunités ne soient perdues. Cela passe par un engagement fort de l’État et une vision claire pour l’avenir économique du pays.
Amine Ben Gamra
Expert-comptable, Commissaire aux comptes
Membre de l’Ordre des Experts Comptables de Tunisie