Huile d’olive en Tunisie : Fin de la crise ou retour à la case départ ?

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Huile d’olive en Tunisie

L’industrie de l’huile d’olive en Tunisie, secteur clé de l’économie nationale, traverse une période tumultueuse. En dépit d’une production abondante en 2024, les producteurs font face à des défis critiques : chute des prix, faibles marges de rentabilité et dysfonctionnements organisationnels. Alors que certains espèrent un retournement de la situation, d’autres redoutent un retour à une crise chronique.

Une crise structurelle et économique

La récolte exceptionnelle de cette année n’a pas suffi à compenser une baisse marquée des prix. Selon Leith Ben Becher, fondateur du Syndicat des agriculteurs de Tunisie, le prix actuel de l’huile d’olive varie entre 15 et 16 dinars le litre, un niveau insuffisant pour couvrir les coûts de production.

« Le prix de l’huile d’olive actuel n’est pas suffisant pour assurer la viabilité économique des exploitations oléicoles », a-t-il déclaré sur Express FM. En plus de la baisse des prix, les difficultés de stockage et de distribution aggravent la précarité des producteurs.

Le secteur oléicole tunisien doit également faire face à une concurrence internationale féroce, notamment de la part de pays comme l’Espagne et l’Italie, qui dominent le marché mondial. Cette « guerre des prix » rend les exportations tunisiennes moins rentables, fragilisant encore davantage la position des producteurs locaux sur le marché international.

Une organisation déficiente

Outre les pressions économiques, le secteur est confronté à un manque d’organisation structurelle. La gestion des stocks et la distribution sont mal coordonnés, ce qui entraîne des déséquilibres sur le marché. Les producteurs, transformateurs et distributeurs peinent à travailler de manière harmonieuse, aggravant ainsi les difficultés liées à la fixation des prix et à la régulation des volumes.

Leith Ben Becher a souligné l’urgence de repenser le modèle économique du secteur. « Il est crucial de restructurer la gestion des stocks et de mettre en place des mécanismes de distribution capables de répondre à la demande internationale sans sacrifier les prix locaux », a-t-il affirmé.

L’intégration des nouvelles technologies, comme les outils de gestion numérique et les systèmes de suivi par satellite, pourrait moderniser la filière. Cependant, l’adoption de ces innovations reste limitée, empêchant le secteur de bénéficier d’une gestion plus efficace et prévisible.

Vers un renouveau possible ?

Malgré ce tableau sombre, des opportunités existent pour redresser le secteur. L’amélioration des techniques agricoles, l’introduction de variétés d’olives plus performantes et l’adoption de technologies avancées pour le stockage et la production figurent parmi les solutions possibles.

Les experts plaident également pour une valorisation accrue de l’huile d’olive tunisienne sur les marchés internationaux, notamment en misant sur sa qualité et son origine. Une meilleure structuration des circuits de distribution, associée à des politiques publiques adaptées, pourrait soulager les pressions sur les producteurs et améliorer leur compétitivité.

Une réforme en profondeur nécessaire

Le salut du secteur repose sur une révision complète de son modèle de fonctionnement. Une organisation plus cohérente, des synergies renforcées entre les différents acteurs de la filière, et un soutien accru des autorités sont essentiels pour assurer sa résilience face aux crises futures.

Cependant, sans actions rapides et structurées, ce pilier de l’agriculture tunisienne risque de s’affaiblir encore davantage, compromettant ainsi un secteur qui représente à la fois un héritage culturel et une ressource économique stratégique pour le pays.

La question reste ouverte : sommes-nous à l’aube d’un redressement du secteur oléicole tunisien, ou simplement au seuil d’une nouvelle crise ?

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